Ivrognes et pathétique combat

Depuis plusieurs jours, Kansuke marchait en direction du Sud afin de rejoindre la capitale, Edo, pour tenter d'en apprendre plus sur les différentes écoles, les différents métiers, les arts et la pensée des gens de la ville l'intéressaient aussi énormément.
Mais les montagnes qu'il connaissait se trouvaient derrière lui depuis longtemps et il entrait à présent dans une étrange forêt, et bien qu'il n'osait se l'avouer, il était perdu. Était-ce le jour tombant qui produisait cette étrange lueur qui flottait entre les arbre, ou quelque brume lointaine ? Quoi qu'il en fût, ces grands arbres au tronc épais ne lui inspiraient aucune confiance.
Sa longue marche l'avait épuisé, et il décida donc de monter son bivouac à l'orée de la forêt. Le vent était doux et calme et l'air sec. Il n'eut aucun problème à faire une belle flambée avec tous les branchages secs qui jonchaient le sol. La chance lui sourit lorsqu'il aperçu un faon à quelques dizaines de mètres dans la forêt. Il s'avança doucement afin de vérifier si la mère n'était pas dans les parages, et manifestement, elle n'était pas à proximité. Dans un craquement d'os, le faon s'écroula à terre, mort dès le premier coup asséné sur les côtes. Kansuke put donc manger tant qu'il le souhaita, et garda en provision le surplus de viande cuite.
Le sommeil tomba rapidement sur le jeune voyageur, et, se laissant aller aux rêves, s'endormit au coin du feu dont les braises crépitaient et les flammes semblaient vouloir embraser le ciel.

Il fut réveillé au coeur de la nuit par d'étranges bruits. Des cris ? Des rugissement ? Ces sons lui parurent comme le mélange des deux. Il décida de ne pas en tenir compte et de se rendormir, mais tenu éveillé par les bruits, il ne put se rendormir et se résigna à se diriger ver eux. Plus il se rapprochait des cris, plus ils devenaient humains, et au bout de quelques lieues, Kansuke compris que ce n'étaient que des ivrognes qui poussaient ces mugissements indiscrets..
Kansuke les accosta, l'air mécontent, comme s'il avait été réveillé pendant un paisible sommeil...

***

Voilà une drôle d'heure pour faire tant de vacarme, dites-moi quelle en est la raison afin que je sache pourquoi je ne puis dormir alors que mon camp est monté à plus d'une lieue de vos chaumières.

Sache, voyageur, que sous notre euphorie se cache tout de même des esprits fin et entrainés, et bien que je n'aime pas le ton que tu prends, je vais répondre à ta question et la réponse te décevra très certainement, étant sans grand intérêt pour qui n'est pas du village. La raison de notre petite fête est que nous avons enfin touché notre solde, nous n'avions pas été payés pour notre travail depuis quatre mois et la relève qui aurait dû arriver il y a deux mois n'est pas venue.

Beau parleur que voilà. Mais ma question n'attendait pas de réponse, elle n'était faite que de reproches adressés à ceux qui troublent mon sommeil.

Ne sois pas insolent paysan ! Nous faisons parti de l'élite, nous gardons ce poste frontière et aucun problème ne saurait troubler cette région si paisible.

Assez ! Je ne suis pas ici pour me battre, mais ma patience s'épuise vite. Et je ne vous laisserez ternir mon honneur en m'insultant de la sorte. Le paysan va vous apprendre les bonnes manières !

Héhé, vous entendez ça les gars, ce salopiot pense pouvoir nous éduquer. Aux armes !

Cinq gardes apparurent derrière celui qui semblait être le chef, ou du moins celui qui tenait le plus l'alcool. En effet, deux soldats s'écroulèrent au bout de quelques instants, n'ayant même pas eu la force de sortir leur arme.
Les lames brillèrent dans les mains des autres. S'avançant vers eux, Kansuke pu voir qu'il y en avait deux qui titubaient et que les deux autres tenaient parfaitement sur leurs jambes, mais la façon dont il tenaient leur sabre prouvaient leur incompétence.

Vous n'empêcheriez même pas un aveugle boiteux de passer. Vous êtes faibles et indignes de salir mon arme.

Nom d'un boudhha, il se moque de nous ! Attaquez !

Se fut donc un combat sans aucun intérêt qui se déroula ici. Deux s'écroulèrent au sol après avoir fait trois pas et les deux qui paraissaient sobres n'eurent pas même le temps de penser à trancher de leur lame, ils étaient morts bien avant.

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